Jean Metzinger - FALAISES DE LONGUES-SUR-MER (BASSE-NORMANDIE)

 

Jean Metzinger
1883 - 1956
FALAISES DE LONGUES-SUR-MER (BASSE-NORMANDIE)
signé J. Metzinger (en bas à droite)
huile sur toile
88,4 x 128,4 cm
34 7/8 x 50 1/2 in.
Peint vers 1906 
signed 'J. Metzinger' (lower right), oil on canvas. Painted circa 1906.
Peint vers 1906, ce magistral paysage de la côte normande - sans doute un des plus grands formats peints par l'artiste avant 1910 - appartient au petit groupe de compositions de Jean Metzinger alliant une technique purement divisionniste dite "en mosaïque" à une palette fauve.

Le jeune artiste, qui expose au Salon des Indépendants depuis son arrivée parisienne en 1903, est alors fasciné par cette nouvelle peinture, toute en couleurs pures et en touches généreuses du cercle de peintres  rassemblés autour de Matisse et qualifiés de "fauves" par le critique Louis Vauxcelles au salon d'Automne de 1905. L'artiste sillonne les côtes normandes et bretonnes et explore plusieurs voies successives pour atteindre "la poésie chromatique" qu'il recherche. Il n'hésite pas, dans cette composition, à modifier radicalement les teintes naturelles au gré de son imagination, associant à chaque touche de couleur pure une fonction symbolique, et élabore ainsi un paysage empreint d'une luminosité presque surnaturelle, arcadienne, cristalline.

Parallèlement, Jean Metzinger - qui a sans doute admiré en 1904 et 1905 à la Galerie Druet les compositions de Maximilien Luce, Paul Signac ou Henri-Edmond Cross mais aussi la grande rétrospective Seurat au Salon des Indépendants de 1905 - fait siens les  préceptes néo-impressionnistes. Il juxtapose avec ardeur les couleurs vives en petites touches vigoureuses et compose minutieusement d'étincelantes compositions à l'instar de celle-ci. Dans son article de 1906 sur "Les Artistes indépendants",  le critique Louis Chassevent définit alors Metzinger comme "un mosaïste comme Signac, mais il est plus précis dans sa découpe des cubes de couleurs, qui semblent avoir été fabriqués par une machine".

Doué d'une virtuosité technique et d'un extraordinaire talent de coloriste, particulièrement visibles dans les subtils dégradés et les multiples nuances du ciel, des falaises et de la mer qui scintillent à perte de vue dans cette composition, le jeune peintre est fréquemment sollicité pour exposer ses toiles aux différents salons en vogue. Ce majestueux paysage a vraisemblablement été admiré lors du salon des indépendants de 1906, titré Falaises de Longues (Normandie) dans le livret de cette manifestation.

Si cette ambitieuse composition nous révèle la virtuose et singulière maîtrise de la technique divisionniste par Metzinger, il n'est toutefois pas sans annoncer ses aspirations cubistes : la clarté de cette composition, l'extrême rigueur dans le placement des petits cubes de couleurs, ces falaises aux contours saillants, le tracé rectiligne du chemin au premier plan ou encore ce discret rectangle blanc figurant une voile au milieu des flots sont autant de signes précurseurs de la révolution cubiste dont Metzinger épousera la cause quelques années plus tard.

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